Quoi de neuf ? > Aucune reprise en vue pour le secteur du spectacle vivant
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Par Frédéric Julien, CAPACOA - Le 19 octobre 2021 (voir l'article original)
Malgré un relâchement progressif des restrictions sanitaires dans les provinces et territoires, les compagnies en arts de la scène, les diffuseurs de spectacles et les festivals ne montraient toujours aucun signe d’une reprise économique lors du second trimestre de 2021. Voici ce que révèlent les indicateurs nationaux de la culture.
Produit intérieur brut
Le produit intérieur brut (PIB) de la culture a enregistré une quatrième hausse consécutive lors du deuxième trimestre de 2021. En contrepartie, le domaine du spectacle sur scène a vu son PIB nominal reculer de 286 à 281 millions de dollars entre le premier et le second trimestre. En dollars constants, le PIB du spectacle a diminué de 2,9 % au cours du deuxième trimestre. Il se situait à 64,0 % en dessous de son niveau d’avant la pandémie.
En guise de comparaison, le domaine du patrimoine et des bibliothèques, qui figure aussi parmi les plus durement touchés, était quant à lui 29,7 % sous son niveau d’avant la pandémie.
Emploi
La situation est tout aussi critique au chapitre de l’emploi. Les emplois de la culture ont augmenté de 0,8 % au cours du second trimestre. Le nombre d’emplois dans le domaine du spectacle à quant à lui chuté de 5,5 % pour s’établir à 36 489. Il s’agit du plus bas niveau d’emploi dans ce domaine depuis le début de la pandémie.
Avant la pandémie de COVID-19, on comptait 73 000 emplois dans le domaine du spectacle. C’est donc dire qu’un travailleur du spectacle sur deux (50,1 %) a perdu son emploi depuis le début de la pandémie. À titre comparatif, le domaine du patrimoine et des bibliothèques a perdu 20,8% de sa main d’œuvre depuis le début de la pandémie.
Des mesures d’aide opportunes
Ces diminutions du PIB et de l’emploi sont survenues au moment où le gouvernement fédéral mettait en œuvre le Fonds d’appui aux travailleurs du secteur des arts et de la musique devant public et plusieurs autres mesures d’aide ciblées, annoncées le 2 mars 2021. Comme la prestation de ces programmes exige du temps, leur plein effet ne se fera sentir que lors des troisième et du quatrième trimestres de 2021. Ceci dit, les statistiques de l’Enquête sur la population active ne laissent pour l’instant pas entrevoir une amélioration de la situation. Selon cette enquête, l’emploi dans le secteur des compagnies d’arts d’interprétation, sport-spectacle et activités connexes [SCIAN 711] s’établissait à 107 800 lors du troisième trimestre. En tenant compte des variations saisonnières, c’est à peu près le même niveau d’emploi que lors du second trimestre, à 106 700.
Par ailleurs, les anecdotes recueillies sur le terrain révèlent que l’assouplissement des mesures sanitaires ne se traduit pas par une hausse de la fréquentation. Au Nouveau-Brunswick, où les restrictions sur les jauges sont levées depuis le 30 juillet, Le Fredericton Playhouse nous rapportait que son achalandage pour le mois de septembre était 30% inférieur à celui du même mois en 2019. Même son de cloche au Québec, où les salles peuvent fonctionner à pleine capacité depuis le 8 octobre, mais avec le retour de l’exigence du port du masque pendant toute la durée du spectacle. Selon les informations recueillies par Le Devoir, les spectateurs québécois ne sont pas davantage au rendez-vous.
Dans ces circonstances, l’engagement du gouvernement nouvellement élu de « lancer un nouveau programme de relance des arts et de la culture, qui doublera le montant des recettes de la vente de billets des arts de la scène » semble tout à fait nécessaire et urgent. Cependant, si l’on tient compte des délais administratifs inhérents à la conception et au lancement d’une nouvelle mesure, les effets d’un tel investissement sur le PIB et l’emploi du spectacle ne seront pas mesurables avant au moins le printemps prochain.
Compléments d’information
Les indicateurs nationaux de la culture dans Le Quotidien
Statistiques sur les impacts de la COVID-19
À propos des indicateurs nationaux de la culture
- Les indicateurs nationaux de la culture (INC) offrent des données économiques à jour à propos du secteur de la culture. Les Indicateurs nationaux de la culture sont un prolongement du Compte satellite provincial et territorial de la culture et des Indicateurs provinciaux et territoriaux de la culture. Ils ont été développés pour le compte du Consortium pour les stratégies en matière de statistiques culturelles, dont CAPACOA fait partie. Avant la création des INC, CAPACOA s’appuyait principalement sur l’Enquête sur la population active pour ses activités de veille.
- Le PIB de la culture est la valeur économique ajoutée associée aux activités de la culture. Il s’agit de la valeur ajoutée par la production de biens et de services de la culture dans l’ensemble de l’économie sans égard à l’industrie productrice.
- Toutes les données sur le PIB présentées dans cet article présentent le PIB réel. Le PIB réel rajusté pour tenir compte des variations de prix au fil du temps. Le PIB réel est mesuré en dollars constants de l’année 2012.
- L’emploi lié à la culture représente le nombre d’emplois liés à la production de biens et de services liés à la culture.
- La culture est dominée par de grandes fluctuations saisonnières présentant des modèles similaires d’une année à l’autre. Pour la commodité des utilisateurs, ces variations régulières sont supprimées, grâce à une technique statistique connue sous le nom de désaisonnalisation, pour aider à isoler les tendances sous-jacentes.
- Les statistiques du Compte satellite de la culture sont regroupées par domaines et sous-domaines. Les définitions des domaines et sous-domaines sont disponibles dans le Cadre conceptuel pour les statistiques de la culture 2011. La mise en correspondance entre les domaines de la culture et le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN) est disponible dans le Guide de classification pour le Cadre canadien pour les statistiques de la culture 2011.